Guinée - C’est un matin qui n’a rien d’ordinaire à Dabola, une ville pittoresque au cœur de la Guinée, située à environ 325 kilomètres de Conakry la capitale. Au marché, ce vendredi-là, l’agitation habituelle des vendeurs et des clients est pimentée par une curiosité qui se propage. La cause ? Un véhicule d’un genre nouveau, une clinique mobile, garée à l'extrémité du marché, attire tous les regards.
Bébé au dos et panier de marché à la main, les femmes s’approchent, d’abord avec timidité, puis avec une curiosité grandissante. Elles échangent des murmures, tentant de percer le mystère de ce drôle de véhicule. L’une d'elles, une trentenaire, se risque à un regard plus insistant.
Massogbè Doumbouya, sage-femme et point focal de la clinique mobile, observe la scène avec un sourire. « C'est la puissance de la clinique mobile, elle attire les gens d'elle-même », confie-t-elle. Massogbè sait que la proximité de cette clinique, directement sur le marché, est un atout précieux. « Hier, en moins de trois heures, nous avons offert des services de planification familiale à 28 femmes. C'est un record pour nous. »
En voyant le cercle de femmes s'agrandir, les sage-femmes ne perdent pas de temps. Elles expliquent, avec clarté et bienveillance, les services offerts : la planification familiale, un sujet tabou dans certaines communautés. Elles utilisent des mots simples, des exemples concrets, et le terme Takalakissè comme un pont entre la tradition et la modernité.
La trentenaire, qui observait avec tant de curiosité, se décida. Elle s’avance. « Les sage-femmes m'ont tout expliqué, je veux prendre Takalakissè », lance-t-elle, son choix fait. « Takalakissè, » explique une des sage-femmes, « c’est le nom que les femmes de la région donnent à l’implant, une méthode de contraception à longue durée. »
Ce jour-là, au marché de Dabola, la clinique mobile n'a pas seulement offert des services de santé ; elle a ouvert un espace de dialogue et de choix pour ces femmes.
Les cliniques mobiles, un lien vital avec les Communautés isolées
Même son de cloche dans la préfecture de Kouroussa, ville natale du célèbre écrivain Camara Laye. Depuis douze ans, Penda Kourouma, une sage-femme dévouée, a œuvré dans les maternités de la région, affrontant les difficultés et les barrières qui entravent l'accès aux soins dont les services de planification familiale. Mais jamais elle n'avait vu d'outil aussi puissant que la clinique mobile. Pour elle, ce n'est pas qu'un simple véhicule, c'est une bouffée d'oxygène, un pont entre les femmes et la santé. "Cela attire tellement les femmes que parfois, nous faisons des records en termes de chiffres," confie-t-elle, les yeux emplis d'émotion et d'espoir.
Dans cette région où les services de santé, en particulier la contraception, se heurtent à de nombreux obstacles culturels et financiers, la clinique mobile est une véritable bénédiction. Le docteur Kourouma Lancinet, Directeur préfectoral de la santé de Kouroussa, a vite compris l'importance de cet outil. "Depuis que nous avons reçu cette clinique mobile, nous l'utilisons régulièrement dans les communautés les plus inaccessibles et nous l’avons intégrée comme un outil prioritaire dans notre district sanitaire," explique-t-il.
Cette clinique parcourt les routes de terre et les chemins de brousse pour offrir des services essentiels : consultations prénatales, vaccination, soins curatifs et planification familiale. Elle se rend là où l'accès est difficile, offrant des solutions aux problèmes de transport et de coût qui empêchent trop souvent les rendez-vous réguliers. Le docteur Kourouma en est le témoin privilégié : "Avec cette clinique mobile, nous avons rattrapé pratiquement 37 femmes enceintes qui ne venaient plus au centre de santé pour leur rendez-vous et 67 enfants qui avaient raté leur programme vaccinal."
Des chiffres qui parlent, des vies qui changent
Au-delà des histoires individuelles, les chiffres confirment l'impact révolutionnaire de la clinique mobile. Le centre de santé local, par exemple, a vu le nombre de femmes utilisant les services de planification familiale passer de 140 à près de 200.
C'est une progression remarquable qui témoigne de l'efficacité de cette approche et de l'espoir qu'elle génère. La clinique mobile ne se contente pas de soigner, elle restaure la confiance et prouve que l'accès à la santé n'est pas un luxe, mais un droit, même dans les zones les plus reculées de Guinée.
Au cours de la campagne d’offre gratuite des services de planification familiale en Guinée, ces cliniques ont été mises à profit pour surmonter les obstacles de la distance et des coûts. Quatorze cliniques mobiles, véritables ambassadrices de la santé dont la planification familiale ont sillonné les localités reculées des régions de Kankan, Labé et Faranah.
Ces véhicules déployés avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en Guinée, n'étaient pas de simples camionnettes. Elles ont été méticuleusement équipées de tout le nécessaire : des produits contraceptifs variés et, plus important encore, une équipe de professionnels de santé dévoués, prêts à écouter et à guider les femmes vers une meilleure gestion de leur vie reproductive.
Massogbè Doumbouya, l'une des voix de cette campagne, résume parfaitement l'impact de ce projet : « Avec la clinique mobile, la distance entre nous et les femmes est réduite. Le coût de transport pour elles revient à zéro. Et surtout, nous pouvons à la fois faire de la sensibilisation de masse et offrir des services de qualité, directement là où elles vivent. »
Ces cliniques, mises à disposition grâce à ces régions il y a moins de 2 ans, constituent l’un des acquis du projet SWEDD en Guinée.
En s’installant au cœur de la vie quotidienne, marchés, villages, carrefours, les cliniques mobiles transforment l’accès aux soins en Guinée. Elles rendent visibles des droits parfois invisibles: s’informer, choisir, planifier. À chaque étape de route, elles rapprochent l’essentiel: la santé, la dignité et l’autonomie.
