Christine Doré est une collégienne de 16 ans, vivant à Boussou, une localité de N’Zérékoré, située à environ 1000 kilomètres de Conakry, la capitale guinéenne. A l’image de nombreuses jeunes filles de cette localité, Christine Doré est une fille protégée contre les mutilations génitales féminines. Elle est protégée par ses parents convaincus à travers les interventions de du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) grâce au soutien du programme conjoint UNFPA-UNICEF, qui estiment que les mutilations génitales féminines peuvent affecter sa santé physique et morale, ainsi que son bien-être. Elle est aussi, tout comme les autres filles, accompagnée par les acteurs de cette localité, notamment les femmes mentors. Ces femmes leur enseignent l’éducation sexuelle et sociale, l’économie familiale, la parenté responsable, les conséquences des grossesses non désirées et de la maternité précoce, les comportements sains et le respect mutuel entre les sexes, l’hygiène corporelle, la gestion des menstrues et la prévention des maladies sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA.
Malgré son jeune âge, Christine Doré est une enfant qui assume son statut de fille non excisée dans un environnement hostile aux personnes de sa catégorie.
Dans un entretien accordé à une mission conjointe l’UNFPA, le Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables et les ONG partenaires de terrain en décembre 2022, Christine a partagé son point de vue sur cette pratique et comment elle compte s’engager pour donner l’opportunité à d’autres filles d’être comme elle.
Quelle est votre perception sur les mutilations génitales féminines ?
Avant nos ancêtres faisaient exciser nos sœurs. Mais avec le temps, on nous a parlé des conséquences de l’excision. Nos parents nous ont dit que l’excision n’est pas bonne. Vraiment, pour moi, l’excision n’est pas une bonne chose.
Quelles sont selon vous les conséquences de cette pratique ?
Cette pratique a plusieurs conséquences. Le couteau utilisé pour faire l’excision de plusieurs filles n’est pas bon pour la santé, cela peut donner la maladie. Certaines femmes, après l’excision, elles n’ont plus enfanté. Certaines perdent beaucoup de sang. On peut mourir de cette pratique.
Je ne suis pas excisée. Et pour moi peu importe le regard de la société, je refuse de subir les mutilations génitales féminines.
Comment vous sentez-vous au milieu de vos amies qui sont excisées ?
A l’école, je me sens bien au milieu de mes amies parce que je n’ai pas honte de mon statut de non-excisé. Je suis à l’aise et fière de dire que je ne suis pas excisée. Quand même, elles nous rejettent et parfois, j’ai l’impression qu’elles nous détestent. Mais nous qui ne sommes pas excisées, nous continuons de dire non à l’excision.