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C’est au terme d’une rencontre de cinq jours ayant réunis des communicateurs traditionnels venus de Conakry et des 33 préfectures du pays que la décision fut prise. Un peu plus d’une trentaine d’hommes et femmes, membres du Réseau des Communicateurs Traditionnels de Guinée ont condamné les mutilations génitales féminines et ont décidé de ne plus jamais être associés ni de près, ni de loin à cette pratique.

« Toute norme sociale qui fait du mal au corps, qui est en violation des droits de l’homme et qui freine l’épanouissement d’une partie de la population doit être revue voir même bannie » a déclaré Mamadou Diabaté, représentant du RENACOT à Boké. « Donc puisque l’excision est une violation des droits des femmes, nous devons y renoncer » a – t – il conclut à l’issue d’une de ses interventions durant la rencontre de Coyah.

En effet, les mutilations génitales féminines représentent une violation des droits de l’homme et elles restent une pratique interdite par la loi en Guinée. Malgré ce cadre juridique favorable à son élimination, la pratique résiste aux programmes, politiques et aux actions d’éradication en cours dans le pays. Selon l’Enquête Démographique de Santé de 2018, 95% des femmes dont 39% des filles de moins de moins de 15 ans en sont victimes. Plusieurs femmes et filles portent le poids lourd des séquelles des MGF.

« J’ai servi en tant que pédiatre à Siguiri et je recevais des filles qui souffraient de l’anémie sévère, des infections graves dues aux mauvaises conditions d’hygiène dans lesquelles elles sont excisées. Certaines filles mourraient de tétanos » témoigne le Docteur Karamoko Camara.

« C’est vraiment une mauvaise pratique, c’est pourquoi en tant que médecin mais aussi communicateur traditionnel, je dis non plus jamais ça » a – t – il affirmé avec un regard déterminé. Au-delà des aspects sanitaires, l’excision empêche un épanouissement total des victimes. « Les filles ne peuvent pas apporter correctement leur contribution au développement quand elles sont victimes de cette pratique. C’est une violence basée sur le genre » dénonce Hadja Fatou Kouyaté, membre et personne ressource du RENACOT.

Face à ces graves conséquences de l’excision sur la santé et l'épanouissement des femmes et filles, le RENACOT, composé de leaders religieux, coutumiers, griots, forgerons, chasseurs et d’autres citoyens qui adhèrent aux objectifs de l’organisation s’est positionné contre la pratique.

« En tant que détenteur et garant de certaines valeurs du pays, notre rôle est de dire non aux pratiques qui ne font pas avancer le développement » explique Pascal Sandouno, Secrétaire Administratif du RENACOT.

« C’est ce qui justifie l’acte fort que nous prenons aujourd’hui, celui de ne plus jamais prendre part aux festivités et cérémonies entourant l’excision avant, pendant et après » a – t – il annoncé solennellement au terme de l’atelier.

Le Réseau compte très prochainement, organiser des rencontres préfectorales pour vulgariser cette déclaration officielle sur sa position par rapport aux MGF.