Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS) La fistule obstétricale est une lésion qui entraine une communication entre le vagin et la vessie. Elle constitue une invalidité et une morbidité maternelle majeure. La perte permanente d’urines et/ou de selles à travers les organes génitaux suite à un accouchement laborieux, entraine en plus de graves conséquences sanitaires et psychologiques, une isolation sociale et une stigmatisation des femmes qui en sont victimes. . L’OMS indique que les femmes issues de milieu pauvre et défavorisé sont les plus touchées par cette maladie. Dans le monde, un peu plus de deux millions de femmes en sont victimes et ne bénéficient pas de traitement. C’est pourquoi le système des Nations Unies à travers certaines de ces agences dont le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) mène des campagnes de prévention et de prise en charge.
En effet, l’action de l’UNFPA est une réponse à l’appel fait par les pays membres de l’ONU en 2003, visant à mettre fin à la fistule dans le monde. Depuis 2003, l’UNFPA a soutenu des chirurgies de réparation de la fistule, et les partenaires de campagne ont soutenu des milliers d’autres, permettant aux femmes et aux filles de plus de 55 pays d’Afrique, d’Asie, de la région arabe et d’Amérique latine de regagner l’espoir et de reconstruire leur Vie. Retrouver une vie normale est un défi pour ces femmes qui survivent à la maladie. Plusieurs ont été longtemps exclu de la société. Guérir de la fistule ne se limite pas seulement au succès de l’acte chirurgical de réparation. C’est aussi retrouver sa famille, ses habitudes de tous les jours, vivre sa foi sans être rejeté.
En Guinée, des femmes sont aussi touchées par ce fléau. Elles sont présentes en milieu rural qu’urbain. Pour leur apporter l’aide nécessaire à leur guérison, le gouvernement et ses partenaires (UNFPA, Engenderhealth, JHPiego, USAID…) ont facilité la création de centres de prise en charge dans toutes les régions du pays. A Conakry, l’Hôpital Jean Paul II dispose d’un centre de prise en charge où les femmes reçoivent périodiquement le traitement. A ce jour, plus d’un million de femmes ont été opéré dans les structures sanitaires. Sur ce million de femmes, seules un peu plus de 150 ont fait une rechute.
« C’est un quand même un résultat encourageant pour nous. Avant, les femmes se promenaient d’hôpital en hôpital mais maintenant, dans chaque région, les soins liés à la fistule sont accessibles » explique le docteur Apollinaire Délamou, chargé du programme fistule à l’UNFPA.
A Mamou, l’hôpital régional dispose d’un centre depuis 2018. Deux médecins ont été formés à la prise en charge chirurgicale des fistules simples et 10 infirmières aux soins postopératoires. Le docteur Kouyaté fait partie du personnel de santé formé pour la chirurgie des femmes victimes de fistules.
« Nous recevons ces femmes dans un état très délicat. Mais une fois qu’elles sont avec nous, nous les rassurons que leur problème a une solution » explique – t – il.
Après l’opération, ces femmes restent hospitalisées au minimum 22 jours. Le temps nécessaire pour que la plaie guérisse complètement et que les organes endommagés reprennent leurs formes normales.
« Durant tout le temps qu’elles restent avec nous, elles et leurs accompagnatrices sont prises en charge. Elles ne dépensent pas un seul franc, tout est pris en charge » par l’UNFPA conclut le docteur Kouyaté.
Nènè Fatoumata Raci Diallo, une survivante qui attend son retour prochain à la vie
Nènè Fatoumata Raci Diallo, originaire de Niagara, une localité située à un peu plus de 50 kilomètres de la ville de Mamou. Assise sur son lit de malade où elle observe depuis plusieurs jours déjà sa convalescence, elle nous accueille avec un sourire aux lèvres.
Elle a été victime de fistule obstétricale et a vécu avec la maladie pendant plus de 10 ans. Pour elle, ces trente dernières années ont été douloureuses car l’épreuve de la fistule l’a privé de tous ces droits fondamentaux.
« Aujourd’hui, je suis heureuse, je peux aller à la prière du vendredi. J’ai été privé de tout cela pendant plus de 10 ans de ma vie. Je ne peux pas décrire exactement ce que j’ai ressenti quand j’ai remis mes pieds à l’intérieur de la mosquée » témoignage t – elle l’air triste mais confiante d’un lendemain meilleur après sa convalescence.
A l’image de Nènè Fatoumata Diallo, plusieurs femmes et surtout les femmes plus jeunes, qui commencent leur vie féconde avant que leur corps soient prêts pour porter une grossesse, sont touchées par la fistule obstétricale et sont privées des droits les plus élémentaires. C’est pourquoi, cette année, l’UNFPA qualifie la fistule comme une véritable violation des droits de l’homme. Les femmes qui en souffrent sont touchées dans leur dignité et dans leur capacité de construire leur propre vie. Il est temps pour les états de mettre fin à cette maladie. Cet objectif ne peut être atteint sans investissement véritable dans les services sociaux de base qui peuvent et doivent atteindre les plus vulnérables. Sans investissement réel et conséquent, les engagements pris dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement ne peut être atteint, et il ne serait non plus possible d’atteindre les Objectives de Développent Durable sur l’horizon de 2030, et non plus la Vision Guinée 2040.