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La Conférence Internationale sur la Population et le Développement

La Conférence Internationale sur la Population et le Développement

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La Conférence Internationale sur la Population et le Développement

calendar_today 19 Août 2019

NATIONS UNIES, New York – Cette année marque le 25e anniversaire de la CIPD, un tournant historique dans la santé reproductive et les droits qui s’y rapportent. Cette semaine, les dirigeants du monde entier se réunissent aux Nations Unies pour discuter des progrès accomplis depuis cette date. Qu’était donc la CIPD ? Quelles implications a-t-elle sur vos droits aujourd’hui ?

Qu’était la CIPD ? 

CIPD signifie « Conférence internationale pour la population et le développement », un événement qui s’est tenu au Caire en 1994, réunissant 179 gouvernements, qui ont adopté un Programme d’action révolutionnaire et ont appelé à faire des droits des femmes et de leur santé reproductive un sujet central dans les efforts nationaux et internationaux de développement économique et politique.

En particulier, le Programme d’action appelait à assurer l’accès de tou·te·s à des soins complets de santé reproductive, notamment une planification familiale volontaire, des grossesses sans risque et des services d’accouchement, ainsi qu’à la prévention et au traitement des infections sexuellement transmissibles.

Il a aussi reconnu que la santé reproductive et l’émancipation des femmes sont interdépendantes, et qu’elles sont toutes deux nécessaires au progrès social.

« La participation égale et complète des femmes à la vie civile, culturelle, économique, politique et sociale, aux niveaux national, régional et international, ainsi que l’éradication de toutes les formes de discrimination sexiste sont des objectifs prioritaires pour la communauté internationale », affirmait le Programme d’action.

« CIPD » est aujourd’hui utilisé comme abréviation pour désigner le consensus global affirmant que les droits en matière de santé sexuelle et reproductive font partie des droits de la personne, qu’ils sont un prérequis pour l’émancipation des femmes, et que l’égalité femmes-hommes est elle-même un prérequis pour le bien-être et la prospérité de tous les peuples.

En quoi la CIPD a-t-elle changé le monde ?

Dans les années 1960, alors que les taux de mortalité baissaient dans le monde entier, des chercheurs et des décideurs politiques se sont inquiétés du manque de ressources naturelles à venir, dû à une population en constante augmentation, ce qui mènerait à la famine et au déclin de la société.

Les gouvernements ont répondu présent : certains ont étudié l’impact de l’accroissement de la population sur l’économie et l’environnement, d’autres ont amplifié leurs programmes de planification familiale, et certains ont pris des mesures (parfois coercitives) pour faire baisser le taux de fécondité.

Le Programme d’action de la CIPD a réuni la communauté internationale et a produit un nouveau consensus sur la réponse à apporter à l’accroissement de la population. Il a clairement établi que les droits et la dignité des individus étaient le meilleur moyen pour ceux-ci de mettre en place leurs propres objectifs de fécondité, de façon bien plus efficace que des objectifs globaux chiffrés. De plus, les gouvernements ont reconnu que ces droits sont essentiels au développement mondial.

La CIPD a représenté l’affirmation résolue de l’obligation de réalisation de la santé reproductive, des droits individuels et de l’émancipation des femmes, pour tous les pays et toutes les communautés.

Pourquoi en parle-t-on encore 25 ans après ?

Les Nations Unies effectuent des rapports sur les progrès accomplis dans le cadre du Programme d’action de la CIPD. Lors de la Commission annuelle sur la population et le développement, l’ONU procède à un état des lieux international de la santé sexuelle et reproductive et des droits qui s’y rapportent. Cela comprend notamment les avancées ou les reculs dans les efforts en faveur de l’émancipation des femmes, et l’éducation des filles, et de l’élimination de la violence basée sur le genre et des pratiques dangereuses.

Ces états des lieux annuels ont mis en lumière l’étendue du travail qui reste à faire. Malgré 25 ans de consensus sur le sujet, les progrès ont pour la plupart stagné, et des reculs ont même été constatés.

L’accès volontaire à la contraception moderne a augmenté de 25 % depuis 1994, et la qualité de la planification familiale s’est beaucoup améliorée. Des centaines de millions de femmes n’utilisent pourtant toujours pas de contraception moderne pour éviter les grossesses non désirées.

Les décès maternels évitables ont diminué de 40 %, mais on se trouve encore à mille lieues de l’objectif du Programme d’action, qui était de réduire la mortalité maternelle à moins de 75 pour 10 000 naissances vivantes.

Des actions d’ampleur ont également été menées pour mettre fin aux pratiques dangereuses comme les mutilations génitales féminines (MGF) et le mariage d’enfants. Ainsi, dans les pays présentant une forte prévalence des MGF, leur taux de pratique est passé de 49 à 31 %. Cependant, avec l’accroissement de la population, le nombre de femmes et de filles victimes de MGF a augmenté en valeur absolue.

Que fait-on pour remédier à tout cela ?

En novembre prochain, des gouvernements, des défenseurs et défenseuses, des organisations de santé ainsi que des militant·e·s féministes et jeunes se réuniront au Kenya pour le Sommet de Nairobi. Tou·te·s feront en sorte de prendre des engagements clairs qui permettront de faire progresser les objectifs de la CIPD et d’assurer les droits et la dignité de tous les individus.

Quels sont les enjeux ?

Nous savons aujourd’hui comment répondre à tous les besoins ou presque en matière de santé sexuelle et reproductive. Nous disposons des progrès médicaux, des technologies et des connaissances pour que chaque individu ait la possibilité de faire ses propres choix en matière de sexualité et de procréation, quels que soient son revenu, sa localisation, son genre, son orientation sexuelle ou son handicap.

Nous manquons cependant encore des ressources, de la volonté politique et de l’engagement nécessaires pour atteindre ces objectifs. Si nous n’agissons pas cette année, nous perdrons sans doute l’élan qui avait été suscité et qui permettrait de réaliser ces droits pour tou·te·s.