Go Back Go Back
Go Back Go Back
Go Back Go Back
Go Back Go Back

La justice s’engage pour renforcer le processus de répression contre les MGF en Guinée

La justice s’engage pour renforcer le processus de répression contre les MGF en Guinée

Actualités

La justice s’engage pour renforcer le processus de répression contre les MGF en Guinée

calendar_today 06 Février 2021

Le 06 février 2021, la Guinée a aussi célébré la journée internationale pour la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF). Une journée qui a permis au gouvernement guinéen de prendre de nouveaux engagements en faveur de l’abandon de cette pratique. Cette année, le Ministère de la Justice a annoncé que toutes les juridictions du pays seront orientées par voix officielle du durcissement des sanctions contre les auteurs des MGF en Guinée. Une annonce qui promet des avancées dans la lutte.

Malgré son interdiction en Guinée par la loi, la pratique des MGF reste répandue sur l’ensemble du pays. Toutes les régions de la Guinée sont touchées par les MGF et les formes différent d’une culture à une autre. Selon les statistiques, la prévalence est de 94,5% chez les femmes de 15-49 ans et 39% chez les filles de 0 à 14 ans (EDS 2018).

Après de nombreuses années de lutte, la pratique résiste au temps et aux programmes. Selon le Responsable en charge des questions de MGF au Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes, l’excision perdure en raison de la faible application de la loi. En effet, la majorité des cas de condamnation des auteurs de l’excision sont assorties systématiquement de sursis. Une situation qui encourage la pratique et expose les femmes et filles à ses nombreuses conséquences.

« Souvent les exciseuses sont des personnes avancées en âge. On a l’impression que les autorités ont peur de leur infliger des peines trop lourdes. Pourtant le fait de couper les filles est une grave violation de leur droit » indique Filomaine Kalissa, jeune activiste, engagée dans la lutte contre les MGF au sein de l’ONG Mafubo Guinée.

« Tant que la justice n’est pas sévère avec les pratiquants de l’excision et leurs complices, il sera difficile de transformer positivement notre société dans ce domaine » renchérit Sophia Haba, enseignante et activiste engagée contre les MGF au cours d’une causerie au tour de l’abandon de la pratique.

En effet, la pratique est interdite en Guinée depuis le 1er régime sous le Président Sékou Touré, en 1965, puis par la loi SR de 2000, par le Code de l’Enfant (2008), par le Code Pénal (2016). Tout cet arsenal juridique est appuyé par un plan Stratégique National avec sa feuille de route, révisé en 2018. Le gouvernement et ses partenaires investissent de nombreuses ressources pour l’arrêt définitif de la pratique depuis plus de 7 décennies. Mais tous ces efforts peinent à donner des résultats concrets et encourageants.

Selon la Ministre des Droits de de l’Autonomisation des Femmes, le changement des normes sociales n’est pas toujours facile. « Mais rien ne justifie la pratique néfaste des MGF. La Guinée est déterminée malgré tous les obstacles, à opposer une tolérance zéro aux MGF », a déclaré Hawa Béavogui en présence des femmes et filles à l’occasion de la célébration du 06 février 2021 à Conakry.

Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mory Doumbouya
 

À la suite de Hawa Béavogui, le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux a indiqué qu’il va instruire à son département plus d’action en faveur de la répression des auteurs des MFG. « J’ai entendu les remarques concernant les peines assorties de sursis dont les auteurs des MGF bénéficient. Je peux vous promettre l’engagement ferme de l’ensemble des cours et juridictions du pays de participer à la tolérance zéro aux MGF », a annoncé Mory Doumbouya en présence des membres du Gouvernement, du corps diplomatique et des partenaires le 06 février à Conakry. Plus loin, Mory Doumbouya indique que : « des instructions claires par voie de circulaire seront données à tous les parquets pour renforcer le processus de répression contre les auteurs de MGF ». « Quittons le stade des intentions pour poser des actes concrets » a plaidé Mory Doumbouya en concluant son intervention.

Une déclaration saluée par le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies en Guinée. Selon Vincent Martin, « il est temps d’agir ensemble pour venir à bout de cette pratique ». « Agir ensemble nous oblige à impliquer les communautés et intensifier toutes les actions qui les impliquent dans le processus de lutte contre cette pratique » a – t - il déclaré avant d’assurer au gouvernement toute la volonté du Système des Nations Unies en Guinée à supporter financièrement et techniquement le combat pour l’abandon des mutilations génitales féminines.

Afiwa Mata AHOUADJOGBE