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Lancés le 25 novembre 2020, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes, les 16 jours d’activisme ont pour objectif de donner la priorité à la lutte contre les violences perpétrées contre les femmes et filles. Au programme, des actions de sensibilisation, des témoignages, du plaidoyer. C’est dans ce cadre que s’est tenu le 3 décembre dernier à la Blue zone de Kaloum, un jeu de tir, dénommé ‘‘My Shooting Game’’.

Utiliser le sport pour lutter contre le VBG, c’est l’objectif que s’est fixé la structure 2KD à travers le jeu de tire intitulé ‘’ My Shooting Game’’.  Une innovation que les partenaires comme le Fonds des Nations Unies pour la Population, compte utiliser pour amplifier les voix qui luttent contre les violences basées sur le genre.

Ce jeu a mis en compétition des équipes féminine et masculine. Kabinet Diawara, Responsable de la structure revient ici sur les raisons qui l’ont poussé à organiser cet évènement : « nous avons initié ce jeu MY SHOOTING GAME, un jeu de tire, un jeu qui rassemble la jeunesse guinéenne sans distinction de race ni d’ethnie pour nous permettre de sensibiliser sur certain thème de la société. Nous avons choisi les violences basées sur le genre par ce qu’actuellement le viol sur les mineurs et l’excision sont devenus des faits récurrents dans la société. Donc pour lutter contre ça, nous avons jugé nécessaire de nous associer à l’UNFPA pour organiser ce jeu afin de se donner les mains et lutter contre les VBG en sensibilisant la jeunesse guinéenne à travers le sport. »

S’il est vrai que le sport rassemble, il est aussi réel que c’est une activité qui peut permettre de passer le message sur l’élimination des violences à l’égard des femmes. En effet, des chiffres alarmant montrent que les femmes et filles vivent une pandémie sans précèdent de violence. Selon les Nations Unies, dans le monde, une femme sur trois a subi des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné dans sa vie, le plus souvent de la part d’un partenaire intime ; près de 750 millions de femmes et de filles dans le monde étaient mariées avant leur 18ième anniversaire ; plus de 200 millions de femmes et de filles ont subi une forme de mutilation génitale. En Guinée 80,7% de filles et de femmes âgées de 15 à 64 ont subi au moins une des formes de Violences (ENVBG 2016). Concernant le mariage d’enfants, le pourcentage des filles qui entrent en union avant 15 et 18 ans est respectivement de 17,4% et de 46,4 % (EDS, 2018 ; la prévalence des mutilations génitales féminines parmi les filles et femmes de 15 à 49 ans est de 94,5% et 39% pour les filles de 0 à 14 ans (EDSG 2018). Face à ces chiffres qui en disent long sur la souffrance de près de la moitié de la population mondiale, l’équipe de 2KD veut utiliser le sport.

« Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez ! » c’est le thème retenu par le système des Nations Unies pour marquer les 16 jours d’activisme pour la lutte contre les violences faites aux femmes et filles. C’est pourquoi l’UNFPA qui travaille également sur des questions de femmes à tenu à accompagner financièrement cette nouvelle initiative. Selon le Docteur Ndouga Diallo de l’UNFPA : « l’un des mandats phares de l’UNFPA, c’est la promotion de la femme, l’égalité du genre et donc dans ce cas vous savez que, un des facteurs qui est un obstacle pour la promotion des femmes, ce sont les violences qui leur sont faites. C’est pour ça que l’UNFPA est au-devant de ce combat pour appuyer le gouvernement guinéen dans sa politique pour que les violences faites aux femmes ne soient plus qu’un ancien souvenir. C’est une activité tenue dans la joie, dans le jeu et en profiter pour leur faire voir que c’est important que vous jeune homme, vous ne fassiez plus de violence à vos sœurs, à vos femmes à vos compagnes. Et ça été bien ancrée vu la réaction de ces jeunes. Ce sont des activités à faire et à refaire. »

Pour Patrice Vahard, Représentant du haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en Guinée, l’implication des jeunes dans ce genre de combat permettra de réduire voire même mettre fin au VBG dans l’avenir. « Je suis très réconforté de voir que c’est une initiative purement guinéenne avec des jeunes guinéens que nous utilisons comme véhicule pour passer des messages assez forts d’une société égalitaire ou les femmes et les hommes peuvent conjuguer leurs efforts pour débarrasser le pays des maux. La violence basée sur le genre, les violences à l’endroit des femmes n’appartiennent plus à notre génération et que les jeunes à travers le sport, le shooting nous permette de passer ce message, je crois que c’est assez important et c’est réconfortant. »

La violence basée sur le genre est un problème d’envergure international qui remet en cause les droits de l’homme et les principes d’égalité des sexes. Elle menace la dignité humaine en particulier celles des femmes et des jeunes filles. D’où l’importance d’impliquer les hommes dans la lutte. Selon Kadiatou Konaté, Présidente intérimaire du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée « le cadre est très bien. Ce sont de nouvelles stratégies c’est-à-dire aller au-delà du cadre habituel pour pouvoir impacter la société. Si avant on s’adressait beaucoup plus aux femmes et aux jeunes filles maintenant ça va au-delà car des hommes commencent à s’intéresser à la question… ce qui nous montre que le combat ne doit être mené par les hommes et les femmes ». Plus loin, elle précise qu’en matière de mutilation génitale féminine MGF, le combat doit être mener pour que justice soit faite aux victimes.

 A signaler qu’en plus du shooting Game, la structure 2KD, compte continuer le combat en organisant des activités sportives et culturelles inters scolaires et universitaires.