Dans plusieurs régions de Guinée, les mutilations génitales féminines , malgré les efforts de sensibilisation, demeurent une pratique courante. Pour de nombreuses jeunes filles, cette pratique marque non seulement une souffrance physique, mais aussi un profond traumatisme psychologique. Aissatou Diallo, une jeune activiste, a décidé de prendre la parole pour dénoncer cette coutume et sensibiliser les familles sur ses conséquences dévastatrices.
Un Parcours Marqué par la Souffrance
Aissatou n'est pas simplement témoin de la douleur causée par l'excision, elle ressent les impacts de près. Elle se souvient particulièrement de l'histoire tragique de sa camarade qui a perdu deux enfants.. Deux pertes qu'Aissatou associe aux séquelles de l'excision. « La première fois, elle a fait une fausse couche, et la deuxième fois, son enfant n’a pas survécu », raconte Aissatou, visiblement émue. Ces événements ont motivé son engagement contre l'excision, renforçant sa détermination à lutter pour un changement radical dans sa communauté.
Bien qu’elle n'ait pas vécu ce phénomène dans son corps, elle ressent la douleur de toutes celles qui subissent la pratique dans sa localité. Sa stratégie, parler au maximum de personnes, afin qu’elles deviennent sensibles à ce sujet.
L’Importance de la Sensibilisation
« Parfois, je me demande pourquoi certaines personnes continuent d'accepter l'excision alors qu'elles voient la souffrance qu'elle provoque », déclare Aissatou. Pour elle, “il est incompréhensible que cette pratique persiste alors que les conséquences néfastes sur la santé des femmes et des filles sont bien connues”. C'est pourquoi elle et d'autres militantes locales n'hésitent pas à sortir régulièrement dans leur village, situé à Kolenté, une commune rurale de la région de Kindia, à un peu plus de 130 kilomètres de Conakry. Là, au marigot, pendant les pauses à l’école, au jour du marché, elles mènent des campagnes de sensibilisation.
Lors de ces campagnes, Aissatou et ses collègues s'adressent directement aux familles, en particulier aux femmes plus âgées, souvent considérées comme les gardiennes des traditions. « Ce sont souvent les vieilles femmes qui encouragent les mères à envoyer leurs filles à l'excision, pensant que cela est nécessaire pour leur avenir », explique-t-elle. Malgré les rejets fréquents, Aissatou ne baisse pas les bras, persuadée que chaque conversation peut sauver une vie.
Un Combat qui Continue
Le témoignage d'Aissatou Diallo met en lumière la complexité du combat contre l'excision en Guinée. Alors que certaines familles commencent à remettre en question cette pratique, d'autres continuent de la défendre, souvent influencées par des croyances traditionnelles. Aissatou insiste sur l'importance de poursuivre les efforts, en particulier pendant les vacances scolaires, période où les excisions sont souvent pratiquées à grande échelle, et parfois sans le consentement des parents biologiques des filles..
Elle s'adresse aussi directement aux jeunes filles, les encourageant à dire non à l'excision, même face à la pression sociale. « J’encourage les filles à refuser cette pratique, et j’exhorte les mères et les grand-mères à ne plus forcer leurs enfants à y passer », déclare-t-elle avec conviction.
À travers son témoignage, Aissatou Diallo incarne l’espoir d’une Guinée libérée de l'excision. Elle est convaincue que la sensibilisation et l’éducation des communautés peuvent changer les mentalités et sauver des vies. Son message est clair : il est temps que les traditions évoluent, pour protéger la santé et l’avenir des filles guinéennes. C’est cela, la vision du futur que Aïssatou nourrit pour la Guinée.
Le parcours d’Aissatou est une source d’inspiration pour tous ceux qui luttent contre cette pratique. Son engagement montre que chaque voix compte dans cette lutte, et que, grâce à des actions collectives, il est possible d’enrayer définitivement l'excision en Guinée.