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Comment mettre fin aux fistules obstétricales ? le sujet était au cœur d’une table ronde virtuelle de haut niveau, organisée par le bureau du Fonds des Nations pour la Population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre et la République du Niger. Organiser sous le thème : le partenariat renforcé et élargi : levier essentiel pour l’élimination de la fistule obstétricale », cette rencontre a permis à plusieurs premières dames de l’Afrique de faire le plaidoyer pour un engagement ferme de tous les acteurs. 

Cette rencontre a connu la participation de sept Premières Dames (Niger, République Centrafrique, Mauritanie, Îles du Comores, Tchad, Sierra Léone et le Congo), Responsables de gouvernement, des Responsables du Système des Nations Unies, des Chefs religieux, des Ambassadeurs et des Représentants de la société civile. En Guinée, dix (10) techniciens du Ministère de la Santé, Action Sociale et des personnes vulnérables et deux (02) PTF (OMS et USAID) ont pris part à l’évènement.

« La lutte contre la fistule exige un engagement au-delà des frontières » a indiqué la Coordinatrice du Système des Nations Unies au Niger, dans son mot de bienvenue aux participants à la table ronde. « Nous voulons mettre fin à la fistule, ce n’est pas négociable. C’est un agenda qui nous concerne tous », a déclaré, à son tour, la Première dame de la Sierra Léone, Fatima Maada Bio. Deux interventions qui ont donné le ton à un temps fort de constat par rapport à l’ampleur du phénomène mais surtout à un engagement personnel et au plaidoyer pour plus d’actions concertées en faveur de la lutte contre un phénomène qui réduit plusieurs femmes à la souffrance et à un silence douloureux.  

En effet, une femme victime de la fistule qui ne bénéficie par des soins nécessaires à sa guérison est rejetée, dans presque, la plupart des sociétés africaines. « Les victimes ne vivent plus, elles sont mises à l’écart », a déploré Colette Félicité Samy, Activiste au sein de Mafubo Guinée, ONG Guinéenne, qui a suivi la table ronde à partir de la Guinée. Près de deux (2) millions de femmes souffrent de cette maladie dans le monde. « L’extrême pauvreté est l’une des causes de cette pathologie, son élimination est un appel pour transformer le monde » a déclaré la Première Dame du Niger, le Docteur Lalla Malika Issoufou. Au-delà de la pauvreté, il faut noter les pratiques néfastes comme les mutilations génitales féminines qui demeurent des sources de complication à l’accouchement notamment un travail parfois trop prolongé pour les femmes. Par ailleurs, Une fille sur 10 est mariée avant son 15ième anniversaire dans la région. Cela constitue une des causes aussi selon le Directeur Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué Ngom. Ces mariages précoces donnent lieu aux grossesses précoces pour des femmes dont le corps biologiquement n’est pas encore prêt pour porter une grossesse. Les accouchements non assistés par un personnel de santé qualifié peuvent aussi constituer une des sources de cette maladie qui diminue la femme et l’empêche de jouir de ses droits.

 Si les causes de cette pathologie sont nombreuses, les conséquences le sont tout autant. Selon le Docteur Lalla Malika Issoufou, Première Dame du Niger, « Lutter contre la fistule obstétricale, c’est lutter pour la dignité des femmes, pour leur bien être… » a – t – elle poursuivie pour expliquer toute la dimension droite de l’homme qui demeure essentielle dans cette lutte. Une victime de la fistule a le droit à la santé. Mais souvent en raison du rejet et de la discrimination, les femmes ont peur et se cachent. Ce qui rend difficile leur accès aux soins. « La fistule empêche les femmes et filles affectées de réaliser leur plein potentiel. La persistance de la fistule dans nos sociétés est une entrave à toutes formes d’autonomisation des femmes et filles dans nos sociétés » a renchérit le Directeur Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du centre. Cette entrave à l’autonomisation des femmes a en effet un grand impact sur les économiques nationales et les revenus des ménages. Pour la Directrice de ONU Femmes à la rencontre, « la fistule a un coût sur nos économies, c’est pourquoi la réinsertion des femmes guéries de fistules est essentielle ». Une telle situation doit motiver davantage les pays à investir dans la lutte pour permettre aux femmes d’apporter leurs contributions au développement. « Nous voulons plus de ressources pour mettre fin à cet attentat à la santé des femmes et filles » a indiqué la Première Dame du Niger dont le pays a accueilli cette table ronde. Un plaidoyer qui s’adresse aussi aux partenaires et acteurs qui peuvent investir pour donner aux femmes victimes de fistules l’espoir de revivre.  

Le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du centre a dans son mot de clôture, a d’une part exhorter tous les partenaires techniques et financiers à accompagner, voir accélérer les actions en cours pour l’élimination de la fistule et d’autre part procéder à l’opérationnalisation de la stratégie sous régionale pour l’élimination de la fistule car le retour sur investissement est énorme : un dollar investi permet de gagner 10 dollars.