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Les Mutilations génitales féminines (MGF) constituent une atteinte aux droits humains des femmes. Les survivantes des MGF se comptent par millier en Guinée et les conséquences sur leur santé demeurent un réel problème de santé. Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’impliquer davantage les médias pour mieux informer et sensibiliser les populations à l’abandon de cette pratique. Le prix « média pour l’abandon des MGF », est initié pour récompenser des projets médias innovants, qui peuvent accélérer l’élimination des mutilations génitales féminines.

Le prix média pour l’abandon des MGF est une première en Guinée. Il est ouvert aux journalistes formés en décembre 2021 par le Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables sur les techniques d’information et de communication relatives à la prévention et au traitement des cas de VBG et de MGF, ainsi que la production des émissions relatives au changement des normes sociales et du genre avec un appui technique et financier de UNFPA. La quarantaine de journalistes formés venaient des différentes régions du pays et représentaient les différents types de médias.

Par ailleurs, le concours est aussi ouvert aux journalistes guinéens intervenant dans ‘‘Global Media Campaign to End FGM’’. Ce concours portant sur la problématique des mutilations génitales féminines, fait appel à l’innovation au niveau des médias pour accélérer l’investissement des journalistes afin de parvenir à l’élimination de la pratique à l’horizon 2030. L’appel à candidature de ce concours, indique que l’objectif est « d’obtenir l’engagement et l’accompagnement des Hommes de médias à proposer des solutions innovantes qui contribuent à la réduction des MGF en Guinée ». Les médias ont la capacité de former l’imaginaire populaire. Souvent, il a été constaté que « les médias véhiculent des représentations stéréotypées, des images réductrices des deux sexes et des contenus portant atteinte aux droits et à la dignité des personnes » lit – on dans le manuel de formation sur le journalisme sensible au genre de l’Association des Femmes Journalistes de Guinée. Une situation due souvent à plusieurs facteurs dont le peu de formation des médias sur les sujets en lien avec les VBG en général, les MGF en particulier. Ainsi, ce concours devrait permettre aux médias d’être mieux informés sur les MGF, des efforts fournis dans la lutte, des défis et des opportunités pour accélérer le processus de l’abandon.

En Guinée, la pratique est répandue puisque 95% chez les filles et femmes de 15 à 49 ans (EDS 2018) l’ont subi. Chez les filles de 0 à 14 ans, l’EDS de 2018 note une prévalence de 39%. Même si ces indicateurs n’ont pas connu de hausse au cours de la dernière décennie, le constat indique qu’ils n’ont pas beaucoup baissé non plus. Une situation qui démontre clairement toute la complexité des causes profondes des mutilations génitales féminines dans le pays. « Les changements positifs observés dans le cadre de la lutte contre les MGF ne sont toujours très visibles mais il y a eu de nombreux efforts » indique Souleymane Camara, Point Focal MFG au Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables. Ainsi, ce concours va permettre aux lauréats de développer des projets innovants visant à informer à travers des productions journalistiques, les communautés sur la nécessité de l’abandon de la pratique. « Au total, 7 meilleures solutions innovantes seront récompensées » déclare Fanta Wagué, Chargée du Portefeuille genre au bureau Guinée du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Les journalistes qui verront leurs propositions récompensées, recevront des prix pour faciliter la mise en œuvre de leur projet sur le terrain. Poursuivant, Fanta Wagué indique que « la lutte ne peut se faire sans les médias, nous voulons les encourager à intégrer les questions de MGF dans leur ligne éditoriale et en faire une priorité ».