La Guinée et ses partenaires désirent aller vers des actions transformatrices en faveur de la planification familiale (PF). Ainsi, le pays avec l’appui technique et financier du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) vient d’élaborer trois projets sur la chaîne d’approvisionnement, la mobilisation des ressources et la prise en compte des cibles laissées pour compte que sont les personnes vivant en milieu carcéral ou avec handicap au cours d’un atelier de 5 jours à Coyah, localité située à 50 km de Conakry.
Malgré les nombreux investissements dans la santé de la reproduction en général, la planification familiale (PF) en particulier, l’accès des femmes et filles en âge de procréer aux produits modernes de contraception reste confronté à des freins. Face aux nombreux défis qui maintiennent élevés les besoins non satisfaits en PF (22%, EDS 2018), la Guinée décide de développer trois initiatives phares pour accéder au budget de l’enveloppe à l’Action Transformatrice du Partenariat UNFPA Supplies – 2022.
« Les trois initiatives se veulent innovantes et transformatrices » déclare le Docteur Madina Rachid, Directrice Nationale Adjointe de la Santé Familiale et Nutrition, pour qui, « il urge de relever les nombreux défis qui freinent l’atteinte de la promesse pour zéro besoin non satisfait en planification familiale ». En effet, l’ambition de la Guinée est de garantir les droits sexuels et reproductifs des femmes et filles en âge de procréer, conformement à l’objectif de développement durable (ODD) 3.7 : « assurer l'accès universel aux services de santé sexuelle et procréative, y compris pour la planification familiale, l'information et l'éducation, et l'intégration de la santé génésique dans les stratégies et programmes nationaux » d'ici 2030. La Guinée veut ainsi rompre avec les actions qui n’apportent pas de changement durable. Il a été en effet, remarqué que les stratégies développées depuis des années ont eu leur apport dans le développement de la PF mais n’ont pas résolu certains goulots d’étranglement. Ainsi, les promoteurs de la PF veulent apporter des réponses spécifiques et transformatrices à ces goulots d’étranglement.
L’atelier qui a abouti à la formulation des trois projets a connu la participation d’une quarantaine de personnes, pour qui la planification familiale demeure une priorité et qui caressent le rêve de voir le pays faire la planification familiale un outil de lutte contre la pauvreté. « Nous avons les mêmes stratégies et les mêmes activités de terrain depuis plusieurs années, mais les mêmes problèmes demeurent, la situation ne change pas. Nous devons proposer des actions qui vont enfin transformer et changer cette situation » a souligné Tsigue Gebrekidan Pleah, Directrice Technique – Haute qualité des services de Santé pour le Développement à JHPIEGO Guinée durant les travaux de l’atelier. Pour favoriser un large partage d’expérience, l’atelier a été organisé sous forme de boot camp virtuel composé de temps de présentations des directives clés sur les techniques d’élaboration d’action transformatrice et des travaux de groupe par pays. Selon le Docteur Diené Fadima Kaba, Directrice Nationale de la Santé Familiale et Nutrition, « cette rencontre est organisée simultanément par les autres pays de l’Afrique de l’Ouest afin de prendre en compte tous les besoins des parties prenantes, et renforcer la planification familiale en vue de l’atteinte des résultats transformateurs de UNFPA que sont zéro besoin non satisfait en PF, zéro décès maternel évitable et zéro pratique néfaste ». La planification familiale demeure un outil qui contribue à l’atteinte de ces trois résultats transformateurs. C’est pour quoi, la Présidente de l’Ordre des Sages-femmes et Maïeuticiennes de Guinée, Marie Condé a affirmé durant l’atelier que « la PF est un investissement sûr dans la lutte contre la pauvreté et tout doit être fait pour garantir l’accès des femmes aux produits à travers la disponibilité des produits, la redevabilité et l’application de la loi en la matière ». Pour cela, le pays touche à travers ces trois propositions, des cibles jusque-là laissées pour compte.
Des innovations pour accélérer l’atteinte des objectifs du plan national budgétisé de la PF en Guinée
« Nous avons une proposition qui porte sur les personnes vivant avec handicap et les personnes qui sont dans les prisons » indique Mohamed Lamine Keita, de l’Association des Journalistes en Santé de Guinée pour cette proposition demeure « une innovation qui va rendre l’offre des produits PF plus inclusive et juste ». Au-delà des personnes vivant avec handicap, les personnes ont aussi inscrit dans les projets, des actions en faveur des personnes vivant dans le milieu carcéral. « La prison ne peut pas arrêter les droits sexuels des femmes et filles » affirme Richard Ametö de FOSAD, une Fondation Nationale qui bénéficie de l’appui de l’UNFPA dans le cadre de la promotion des droits sexuels et reproductifs. Ces deux groupes constituent des cibles vulnérables, qui méritent aussi d’accéder aux produits contraceptifs. Au-delà des actions concrètes en direction des personnes vulnérables, le pays veut aussi accroître les ressources notamment celles financières allouer à la planification familiale. Ainsi, un des projets phares visent la mobilisation des ressources domestiques pour financer la planification familiale et l’accroissement de l’appui des partenaires techniques et financiers. « Le grand défi est de mobiliser les ressources domestiques et il existe des opportunités au niveau nationale pour avoir des ressources » estime le Professeur Yolande Hyjazi, Directrice Pays de JHPIEEGO. Déjà, le pays dispose d’un plan de plaidoyer pour la mobilisation des ressources domestiques. Enfin, le troisième phare porte sur toute la chaine de production. Et le pays veut utiliser les outils innovants pour limiter l’indisponibilité des produits et favoriser la distribution des produits au dernier kilomètre.
« Accroitre la promotion de la PF, en faire un élément de développement durable et inclusif et parvenir au dividende démographique dans le pays » a déclaré Abdoulaye Diallo, Chargé de Programme Population et Développement.